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« L’industrie pharmaceutique est préoccupée avant tout par sa rentabilité financière »

Trois professeurs de médecine et de pharmacie protestent, dans une tribune au « Monde », contre l’envolée injustifiable des prix des médicaments anticancéreux.

Publié le 28 septembre 2018 à 15h32, modifié le 28 septembre 2018 à 15h40 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Grâce aux progrès de la biologie moléculaire qui offre de nouvelles cibles thérapeutiques, les médicaments innovants du cancer se multiplient depuis quelques années. Générateurs pour certains de progrès majeurs et offrant aux malades l’espoir d’une survie plus longue et en meilleure santé, ces nouveaux médicaments apparaissent sur le marché à des prix qui ont subi une augmentation exponentielle et deviennent exorbitants. Ainsi, aux Etats-Unis, la quasi-totalité de ces innovations thérapeutiques coûtent plus de 120 000 dollars (103 000 euros) par an et par malade, contre 10 000 dollars il y une vingtaine d’années.

Il serait logique que, comme par le passé, le prix d’un nouveau médicament soit déterminé en fonction des investissements de recherche et développement (R&D) engagés par les industriels. Paradoxalement, les prix explosent alors que la recherche est le plus souvent faite par des structures académiques financées par des fonds publics, et que le développement permettant la mise sur le marché est de plus en plus rapide, après des essais cliniques portant sur un nombre limité de patients. Aujourd’hui, les dépenses de R&D correspondent en moyenne à moins de 15 % du chiffre d’affaires des laboratoires, alors que plus de 25 % sont alloués au marketing et que les marges bénéficiaires excèdent 20 %.

Une politique de marketing et de lobbying

Ne pouvant plus justifier cette envolée des prix par leurs dépenses de R&D, l’industrie pharmaceutique argue maintenant de la qualité du service médical rendu comme prétexte à leurs exigences financières. Mais, outre que certaines de ces innovations n’offrent pas aux malades de réels progrès, on peut se demander si des progrès même exceptionnels pourraient justifier de telles exigences financières. Si le prix du vaccin contre la poliomyélite, apparu au milieu des années 1950, avait été défini à l’aune de son remarquable service médical rendu, il n’est pas certain que la poliomyélite aurait cessé aujourd’hui de toucher nos compatriotes.

En réalité le prix des innovations thérapeutiques du cancer est essentiellement déterminé par l’idée que l’industrie se fait de la solvabilité du marché. Ainsi, le laboratoire Novartis a augmenté en une douzaine d’années le prix du Glivec aux Etats-Unis de 30 000 à 90 000 dollars par malade et par an, uniquement parce qu’il a considéré que le marché américain était capable de tolérer une telle inflation.

« Un marketing énergique auprès des médecins prescripteurs a fait passer les dépenses mondiales de Tasigna de 300 millions de dollars par an à 2 milliards en 2017. »

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