«La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant» (st Irénée)

Commentaire de Jn 11, 1‑45

5e dimanche de Carême, année A

26 mars 2023

On raconte dans le milieu des technologies que pendant longtemps il avait été affirmé qu’il était impossible d’enregistrer le son des films en stéréo sur des bandes VHS. Or un ingénieur a tout de même réussi à accomplir ce tour de force technique. Quand on lui a demandé comment il avait réussi ce que tous considéraient comme impossible, il a répondu qu’il n’avait pas été mis au courant que c’était impossible. C’est cette prouesse technologique qui a assuré le succès de ce format qui était beaucoup moins onéreux que le système concourant, mais aussi de bien piètre qualité en comparaison.

Deux dimensions régissent la vie humaine, l’énergie et les forces vitales humaines. Si nous essayons d’illustrer ce propos, l’énergie est en quelque sorte ce qui est transformé dans le moteur pour propulser un véhicule, les forces vitales humaines agissent comme le volant pour donner la direction.

Une autre image importante à avoir à l’esprit est que les forces vitales humaines sont comme le vent : on ne les voit pas, mais nous avons des indices qu’elles sont à l’œuvre.

Trois critères qui font partie de ces indices, nous permettent de nous assurer qu’une expérience est vécue dans nos forces : nous avons un objectif clair, nous prenons des moyens appropriés pour atteindre cet objectif et, enfin, cet objectif est en ouverture, c’est-à-dire, il vise à apporter une contribution à d’autres personnes, ce qui peut inclure Le Seigneur, autant qu’à soi.

Ainsi pour être dans nos forces, devons-nous avoir fait le choix d’un objectif, avoir fait le choix de moyens qui soient appropriés tant pour atteindre cet objectif qu’à nos capacités de les mettre en œuvre. Ces choix se réalisent au moyen d’un discernement éclairé par une représentation vraie de la réalité qui nous entoure.

En quoi toute cette introduction peut-elle avoir un lien avec l’Évangile d’aujourd’hui, vous demandez-vous ? Jésus vient aujourd’hui raffiner notre représentation de la réalité : « Si tu crois tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Les philosophes des Lumières ont proposé, comme idéal, de baser nos décisions sur la raison, autrement dit sur ce que nous savons. Cependant, ce n’est pas comme cela que les décisions se prennent dans nos cœurs. Rien que nommer le cœur comme siège de la décision vient défaire cet idéal. Cependant, un être humain n’est pas seulement « un cœur », un être affectif. Les lumières avaient raison de nous rappeler que nous sommes aussi des êtres raisonnables, des êtres capables de sciences, de connaissances. Ainsi. Une bonne représentation de la réalité prendra en compte ce que nous croyons en l’éclairant par ce que nous savons. C’est dans ce sain dialogue entre connaissance (cerveau) et affectif (cœur) que jaillissent les plus belles intuitions. Les plus grandes découvertes scientifiques sont rarement le fruit du hasard. Elles ont commencé par une hypothèse que le découvreur pensait juste et qui s’est révélée l’être. C’est parce qu’au départ Einstein croyait qu’E = mc 2 puis qu’il a été capable de le démontrer, que maintenant nous le savons.

Quand nous décidons, si nous laissons notre représentation s’éclairer par l’enseignement du Christ, alors nous allons laisser à Dieu des ouvertures à ses interventions dans le cours de notre histoire et nous permettre ainsi de voir sa gloire.

Si Marthe n’avait pas eu confiance en Jésus, elle n’aurait pas permis l’ouverture de la grotte dans laquelle était enfermé son frère et nous n’aurions pas vu la gloire de Dieu : Lazare vivant.

Saint Irénée de Lyon (A.H. IV, 20, 7) affirmait que

« La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu ».

Ainsi, Jésus ne se contente-t-il pas de laisser Lazare sortir de la grotte, mais son insistance de le libérer de tous liens qui pourraient le retenir dans une dynamique de mort nous montre à quel point il tient à ce que son ami soit libre d’être dans ses forces. C’est exactement cette idée qui est signifiée par une autre façon que certaines personnes ont de traduire la citation de saint Irénée : « La gloire de Dieu c’est l’homme debout ».

Nul doute qu’en contemplant Lazare ressuscité, nous contemplons la gloire de Dieu à l’œuvre.

Christophe, ptre

Légende : La résurrection de Lazare, f.93v d’un hymnaire arménien W.547, miniature du XVIIe s., Walters Art Museum, domaine public.

Source de l’illustration : Walters Art Museum.

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