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Le gouvernement Ford et les optométristes ontariens sur la sellette

Doug Ford portant un masque vu à travers la fenêtre d'une porte.

Selon l'Association des optométristes de l’Ontario, environ 15 000 rendez-vous ont été annulés chaque jour depuis le début des moyens de pression. (Archives)

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

  • Thalia D’Aragon-Giguère

Près d’un mois après le début des moyens de pression des optométristes ontariens en raison d’une rupture des pourparlers avec le gouvernement Ford au sujet de leur financement, les critiques s'accentuent alors que des milliers d’Ontariens ont vu leurs rendez-vous annulés.

C’est dur de dormir en sachant que ma fille souffre parce qu’elle ne peut pas recevoir les soins oculaires dont elle a besoin, laisse tomber Beverly Murray, une mère torontoise dont la fille de 17 ans éprouve d’importantes migraines et maux oculaires. Les douleurs qu’elle subit affectent sa santé, sa vie, et son école.

Le gouvernement doit résoudre cette situation tout de suite pour que ma fille puisse retrouver le bien-être qu’elle mérite.

Une citation de Beverly Murray, mère torontoise

Depuis le 1er septembre, les optométristes ont cessé de fournir certains soins oculaires couverts par le Régime d’assurance-maladie de l’Ontario (RAMO). Ces moyens de pression touchent directement les patients de 19 ans et moins ainsi que les personnes âgées de 65 ans et plus.

Les optométristes auraient pu accepter moins de patients par mois plutôt que de tous les refuser, a ajouté Mme Murray, présente aux côtés de la cheffe néo-démocrate lors d'un point de presse organisé par le parti lundi. Les enfants ont besoin de ces services. Doug Ford et les optométristes le savent, mais personne ne fait rien.

Beverly Murray parle dans un micro aux côtés d'Andrea Horwath devant l'édifice parlementaire à Queen's Park.

Beverly Murray aux côtés de la cheffe néo-démocrate Andrea Horwath lors d'une conférence de presse lundi.

Photo : Radio-Canada

La Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) déplore également l’interruption des examens de la vue par les optométristes dans la province. Les aînés sont pris en otage durant ces négociations entre le gouvernement et l’Association des optométristes de l’Ontario, fait valoir Michel Tremblay, directeur général de la FARFO.

Il demande à ce que les personnes les plus vulnérables ne soient pas punies le temps des discussions entre les deux parties. Le fait d’interrompre l’accès aux examens de la vue pose des risques de santé pour les personnes âgées, et particulièrement à celles qui ont des maladies oculaires ou qui sont atteintes du diabète, insiste-t-il.

M. Tremblay craint par ailleurs que ces moyens de pression produisent un goulot d’étranglement lors de la reprise des activités à la suite de la période de négociations. On demande à ce que des mesures alternatives soient mises en place par le gouvernement ou par les optométristes afin d’assurer les services, en priorisant les personnes les plus vulnérables.

Des pressions d’ordre politique

En conférence de presse, la cheffe de l’opposition officielle, la néo-démocrate Andrea Horwath, a fait pression sur le gouvernement Ford afin de restaurer en toute urgence les soins oculaires des enfants et des aînés dans la province.

Il y a bien des enfants et des adolescents en difficulté à l’école parce qu’ils ne peuvent pas voir jusqu’au tableau, ou qui souffrent de maux de tête et des yeux, a-t-elle déploré. Il y a des adultes plus âgés qui font face à une perte d’autonomie parce qu’ils ne peuvent obtenir une nouvelle prescription.

Doug Ford oblige tous les enfants, tous les adolescents et tous les aînés à se priver de soins oculaires pour que le gouvernement puisse faire quelques maigres épargnes. Il ne veut pas dépenser l’argent, et c’est le monde ordinaire qui en paie le prix.

Une citation de Andrea Horwath, cheffe du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario

Le chef du Parti vert de l’Ontario, Mike Schreiner, accuse quant à lui la province d'abandonner les patients qui ont des besoins oculaires, tout en précisant que cet enjeu en est un de longue date non réglé par le gouvernement précédent.

Je renouvelle mon appel au premier ministre Ford et à la ministre Elliott pour qu'ils s'engagent immédiatement à financer les coûts d'exploitation des services couverts par le RAMO, indique-t-il dans un communiqué. Tout ce que les optométristes demandent, c'est de rentrer dans leurs frais lorsqu'ils fournissent ces services essentiels.

Mike Schreiner en conférence de presse.

Mike Schreiner, chef du Parti vert de l’Ontario (archives).

Photo : Radio-Canada / Michael Charles Cole

Une absence de consensus

Précisément, l’Association des optométristes de l’Ontario demande à ce que la province augmente de 70 % sa contribution financière actuelle de manière à couvrir les coûts d’exploitation des services de soins oculaires.

En 1989, le gouvernement de l'Ontario payait 39,15 $ pour un examen de la vue [couvert par le RAMO]. En 2021, soit 32 ans plus tard, il paie en moyenne 44,65 $, fait valoir le groupe qui représente les optométristes de la province.

L’Association des optométristes de l’Ontario essaie depuis plus de 30 ans d'amener les gouvernements successifs à s'attaquer à ce problème de longue date. Nous ne voulions pas recourir à ces moyens de pression - mais les gouvernements ne s’intéressent pas à la diplomatie.

Une citation de Dr Sheldon Salaba, président de l’Association des optométristes de l’Ontario

Pour sa part, le gouvernement de l’Ontario dit avoir présenté aux optométristes une proposition juste et raisonnable à titre de point de départ des discussions. Cette offre comprend notamment un paiement unique de 39 millions de dollars ainsi qu’une augmentation immédiate de la rémunération de 8,48 %, rétroactive au 1er avril 2021.

Nous sommes déçus que l'Association des optométristes de l’Ontario ait récemment refusé les conditions présentées par le médiateur qui nous permettraient de reprendre les négociations, écrit Alexandra Hilkene, porte-parole du ministère de la Santé de l'Ontario.

Christine Elliott s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à Queen's Park.

Christine Elliott, ministre de la Santé de l'Ontario (archives).

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn

Selon l'Association des optométristes de l’Ontario, la proposition de la province est loin de répondre aux principales préoccupations du secteur qui réclame une solution durable à long terme.

Ce paiement n'est rien de plus qu'un coup de relations publiques et un gaspillage complet de l'argent des contribuables, estime le Dr Sheldon Salaba. Jusqu'à présent, le gouvernement de l'Ontario n'a pas démontré sa volonté de résoudre la crise et donne plusieurs exemples de négociations de mauvaise foi.

Entre-temps, l'Association des optométristes de l’Ontario assure que les examens d’urgence seront traités et orientés vers le prestataire de soins approprié pour la durée des négociations avec le gouvernement.

  • Thalia D’Aragon-Giguère

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