Mardi 23 Avril

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Covid-19 : la Guyane en crise sanitaire depuis six mois

Covid-19 : la Guyane en crise sanitaire depuis six mois

4 mars – 4 septembre. Depuis six mois interminables, la Guyane est en crise sanitaire du Coronavirus. En stade 3 de l’épidémie, au cours de cette période, 9103 cas de Covid-19 ont été détectés en Guyane.

Actuellement la vie guyanaise est régie sur la base de mesures de freinage pensées par la préfecture et l’Agence régionale de santé, autorités en charge de la gestion de crise. Parmi ces mesures visant à endiguer la pandémie de Covid-19, il y a la panoplie de  couvre-feux qui s’accumulent depuis le 25 mars.

En état d’urgence sanitaire jusqu’au 30 octobre, le territoire guyanais subit une crise sanitaire, sociale et économique. Bien qu’un recul de l’épidémie soit en bonne voie après le pic dépassé en début juillet selon les autorités, le taux d’incidence restait toujours aussi élevé pour la dernière semaine d’août (90 cas pour 100.000 habitants).

A l’heure de la rentrée, Guyaweb s’est replongé dans le bain du Covid-19 pour vous retracer les grandes lignes de ces six mois de crise en Guyane.


Mars : stade 1 de l’épidémie, un confinement généralisé

Comme au national, la Guyane a débuté son confinement le 17 mars et a appliqué toute une série de mesures liées au confinement comme la restriction de circulation, l’interdiction de vente d’alcool de 18h à 8h, la fermeture de lieux publics comme les bars, restaurants, hôtels, sites touristiques – à titre dérogatoire des lieux publics sont restés ouverts notamment les grandes surface d’alimentation. La fermeture des entreprises a engendré la mise en place du chômage partiel, du télé-travail et aussi des aides du gouvernement (Fonds de solidarité) et un prêt garanti par l’Etat.

Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus Covid-19, la frontière entre la France et le Suriname a été fermée dans les deux sens le 14 mars et celle avec le Brésil l’a été le 19 mars. Ces fermetures des frontières sont toujours en vigueur et plus que jamais d’actualité.

Le 25 mars, le couvre-feu généralisé a été instauré par arrêté préfectoral et cette mesure dite de freinage n’a jamais cessé. Six mois après, la Guyane vit encore à l’heure de restrictions de circulation.

En mars, 51 cas positifs dont 2/3 de cas importés* (36) sont recensés – le nombre de tests n’est pas communiqué, ndlr – par la préfecture de Guyane et l’Agence régionale de Santé, autorités en charge de la gestion de crise.

* Les autres cas dits « secondaires » sont reliés aux cas importés.

 

Avril : Entrée en stade 2 de l’évolution épidémiologique, 1er décès

Le 2 avril, un premier patient entre en réanimation. L’existence de cas groupés sur le territoire guyanais a débuté, la Guyane entre au stade de 2 de l’épidémie le 4 avril 2020. Cela correspond également à une accélération de la pandémie en Amérique du Sud, notamment au Brésil.

Des mesures liées au passage au stade 2 sont prises comme l’accueil médicalisé à l’aéroport, l’interdiction de se rendre dans les communes isolées dans les 14 jours suivant un retour en Guyane ou encore la mise en place d’un accueil pour l’isolement des cas confirmés ne pouvant pas se mettre en quatorzaine dans de bonnes conditions dans leur lieu de vie.

Le 20 avril la Guyane déplore son premier décès au Covid-19 : un homme âgé de 70 ans, originaire du village amérindien de Cécilia à Matoury. Il avait été infecté au Covid-19 et placé en réanimation. Le village arawak de Matoury, mis en quarantaine par arrêté préfectoral le 9 avril, compte alors 19 cas positifs confirmés.

En avril, 65 cas** sont révélés positifs dont une vingtaine de cas à Grand Santi, commune de l’Ouest guyanais, uniquement accessible par voie aérienne et fluviale. En outre, le 1er cas à Saint-Georges de l’Oyapock, ville frontalière avec la commune d’Oiapoque au Brésil, est recensé le 23 avril. C’est le début de la circulation du Coronavirus à Saint-Georges.

** Comme pour le mois de mars, le nombre de tests pour le mois d’avril n’est pas communiqué par la préfecture de Guyane et l’Agence régionale de Santé, autorités en charge de la gestion de crise.

 

Mai : Saint-Georges de l’Oyapcok, seule commune restant confinée le 11

Du 4 mars au 11 mai inclus, 134 cas positifs ont été recensés en Guyane. En « vert », elle entame son plan de déconfinement le 11 mai – il dure jusqu’au 1er juin. En revanche Saint-Georges de l’Oyapock, commune de l’Est frontalière avec le Brésil devenu l’épicentre du Covid-19 au niveau mondial, est l’unique commune guyanaise qui  reste confinée après le 11 mai.

Dans cette commune de 4200 habitants, l’épidémie s’est accélérée. Le 12 mai, Saint-Georges de l’Oyapock est déclarée « principal foyer du coronavirus du territoire guyanais » par les autorités.

En mai, sur 1512 tests réalisés en Guyane, 371 cas sont positifs sur le territoire guyanais, dont 163 cas à Saint-Georges de l’Oyapock soit 44 %. La suite est prévisible. La Guyane entre en phase ascendante de l’épidémie et le 20 mai elle bat un premier record avec 241 tests annoncés par les autorités sanitaires.

 

En juin : passage en stade 3 de l’épidémie, des tests multipliés par 9

A l’instar de l’ensemble du territoire national, la Guyane débute le plan 2 du déconfinement qui dure du 2 au 22 juin.

Début juin, la cité Arc-en-Ciel, un quartier de Rémire-Montjoly, commune balnéaire située sur l’Île de Cayenne, défraie l’actualité. Arc-en-Ciel devient un important foyer du Covid-19 avec plus de 50 cas.

Le 10 juin, la restriction de circulation est renforcée. Le couvre-feu est établi le week-end du samedi 21 h au lundi 5h et sur Cayenne du samedi 19h au lundi 5h.

Le 15 juin, le stade 3 de l’épidémie est déclaré : le virus circule sur tout le territoire. Le report du second tour des Municipales qui concerne 7 des 22 communes guyanaises est annoncé par le gouvernement. Totalement annulé, le scrutin municipal se jouera finalement en deux tours les 18 et 25 octobre prochains.

En juin la circulation du virus sur les 3 communes de l’Île de Cayenne est « forte » selon les autorités qui décident donc de durcir le couvre-feu sur les communes de Cayenne, Remire-Montjoly et Matoury : du lundi au vendredi de 19h à 5h et du samedi 15h au lundi 5h.

Le 23 juin, un Comité de gestion de crise (Cogec) élargi aux élus, socio- professionnels et associations est installé par Annick Girardin, ministre des Outre-mer en déplacement en Guyane.

Le 26 juin arrive un avion A400 M équipé du kit MEROPE, module de réanimation pour les opérations. Il rejoint la Guyane afin de permettre les évacuations sanitaires de patients COVID+ vers les services de réanimation des Antilles.

Le 28 juin un hôpital médico-chirugical de campagne est déployé à Cayenne pour prendre en charge les patients non Covid-19, afin de libérer des capacités hospitalières au Centre hospitalier de Cayenne

En juin, sur 13349 tests, 3505 cas sont positifs dont 169 à Saint-Georges. 9 décès sont recensés par les autorités.

 

Juillet : pic de l’épidémie

Alors que la gestion de la crise est qualifiée de « calamiteuse » et ainsi dénoncée par le député de la 1ère circonscription Gabriel Serville, le nouveau gouvernement du Premier ministre Jean Castex, ancien coordonnateur de la stratégie nationale de déconfinement devenu nouveau locataire de Matignon, envoie en renfort un directeur de crise, Patrice Latron. Ce dernier installe une Cellule de crise interministérielle (CIC) mais sans les élus mis sur le banc de touche.

Le 4 juillet, la Guyane atteint un deuxième record de 355 cas positifs sur 1286 tests.

Le 7 juillet, déclenchement du Plan Blanc par les trois hôpitaux.

Le 10 juillet, l’état d’urgence sanitaire prend fin en France, sauf en Guyane et à Mayotte où il est prolongé jusqu’au 30 octobre.

Le dimanche 12 juillet, jour de couvre-feu, le Premier ministre Jean Castex fait une visite éclair de 8h en Guyane pour s’enorgueillir de « constat(er) avec satisfaction (…) que la République n’a pas ménagé ses moyens »

Le 20 juillet prend fin la mission de l’A400M MEROPE déployé par les Forces armées en Guyane. Il a effectué 3 rotations et a permis l’évacuation sanitaire de 6 patients vers les services de réanimation antillais.

Le 27 juillet, l’hôpital de campagne est démonté.

En juillet, sur 18728 tests, 3795 cas sont positifs dont 169 à Saint-Georges, soit une moyenne de 122 cas par jour. Alors que les autorités annoncent que le pic de l’épidémie a été atteint début juillet, la Guyane déplore 22 décès dont 21 qui se situent du 08 au 28 juillet.

 

Août : recul de l’épidémie, circulation partielle le week-end

Du 1er au 31 août la Guyane comptabilise 1316 cas positifs pour 14629 tests – soit 42 cas par jour – et 14 décès sont recensés par les autorités. Le recul de l’épidémie est amorcé. Le mois d’août voit aussi le retour à une circulation (partielle) le week end mais uniquement pour le groupe de communes 1. En effet depuis le 24 juillet, la Guyane est divisée en « groupes » en raison de la circulation du virus qui s’est déplacée à l’Ouest du territoire.

Le lundi 31 août une réunion du Comité de gestion de crise (Cogec) devait se tenir à l’hôtel préfectoral sur la thématique de la lutte contre la propagation du virus Covid-19 (mesures de freinage). Le Cogec a été annulé en raison de « l’absence de nombreux élus, retenus par ailleurs », a communiqué la préfecture à l’auteure de ces lignes mais sans préciser la date du prochain COGEC.

Bien que la circulation du virus soit en recul depuis le mois d’août, un rebond n’est pas à écarter. En effet malgré un test PCR requis 72h avant le départ, le retour en Guyane des voyageurs depuis les Antilles et l’Hexagone de nouveau touchés par la Covid-19, pourrait faire repartir la circulation du virus. Sans oublier une rentrée scolaire à haut risque prévue le 7 septembre – le 14 septembre à Saint-Laurent-du Maroni.

 

Début septembre, la tendance toujours à la baisse

Selon les derniers points épidémio communiqués par les autorités, 207 cas se sont révélés positifs sur 2935 tests réalisés du 1er au 5 septembre, soit 41 cas confirmés par jour. « Huit semaines après le pic et pour la première fois, l’incidence hebdomadaire est restée stable et s’élève à 90 cas pour 100 000 habitants alors que le taux de dépistage hebdomadaire est maintenu à plus de 1000 tests pour 100 000 habitants. Au 1er septembre, le taux de reproduction effectif (R effectif) s’élève à 0,95 » explique Santé Public France dans son point épidémio régional daté du 3 septembre.

Néanmoins avec « 90 cas pour 100000 habitants » et bien qu’il soit « resté stable », le taux d’incidence hebdomadaire est toujours classé en « alerte ». En effet deux seuils ont été fixés par le ministère de la Santé, à savoir le seuil de vigilance atteint si plus de dix personnes sont infectées pour 100 000 habitants et le seuil d’alerte qui se trouve à 50 personnes infectées.

Depuis le début de la crise sanitaire il y a six mois, 56 109 tests ont été réalisés et à ce jour la Guyane déplore 62 décès hospitaliers, selon les autorités. Enfin depuis le 2 septembre, le Plan Blanc a été levé dans les trois hôpitaux de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni.

 

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2 commentaires

  • 07 septembre 2020

    Non, ça ne baisse plus beaucoup depuis 2 semaines : le 28/08, on a eu le nombre minimal de cas (378) et depuis, on oscille vaguement autour de 404 patients malades en même temps.
    Avec la rentrée et l’augmentation des échanges, il faut espérer qu’il ne s’agisse pas d’un palier avant un second pic…

  • stiwistiti
    07 septembre 2020

    Ce ne sont pas autour de 404 patients « malades », mais 404 testés positifs.
    La différence est importante !

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