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Romans d’ici: un dernier beau frisson

Le garçon aux pieds à l’envers
Photo fournie par les Éditions Fides


Joey, 10 ans, était sur la galerie et soudainement, elle n’y est plus. François Blais a frappé fort avec sa dernière histoire de fantômes.

Parce que c’est le temps des congés, donc de la légèreté ; parce que François Blais est un grand écrivain ; parce que c’est son roman posthume, il faut parler ici de l’ouvrage Le garçon aux pieds à l’envers, même s’il est destiné à un public adolescent. 

Il est pourtant diablement accrocheur pour les plus grands qui aiment frissonner ! Car le garçon auquel renvoie le titre a sa propre réalité, et Blais excelle dans les histoires surnaturelles. On l’avait constaté dans un précédent roman pour la jeunesse, Lac Adélard, récompensé notamment par un prix du Gouverneur général, tout comme dans son astucieux récit pour adultes, Les rivières suivi de Les montagnes, ayant pour sous-titre « Deux histoires de fantômes ». 

Son dernier ouvrage est tout aussi réussi.

Il met en scène Adrienne, 14 ans, qui constate que Joey, sa petite voisine, a disparu. Elle était à sa porte, or en un clin d’œil, il ne reste plus d’elle que son sac à dos. On est pourtant à la campagne où nul ne circule.

Toujours la même ironie

Adrienne est d’autant plus troublée qu’au même moment, elle reçoit d’étranges textos qui la renvoient à son enfance, quand elle partageait ses jeux avec un ami imaginaire... et bien méchant.

Pour tirer l’affaire au clair, elle demande donc l’aide de sa chère copine Léonie. Le mystère va néanmoins s’épaissir, et le danger croître, à mesure que les heures passent. 

Comme Blais ne prend pas ses jeunes lecteurs pour des êtres à préserver, il n’y a pas d’enrobage dans son récit. Le méchant est cruel, l’amitié a ses revers, et l’auteur fait preuve de la même ironie que dans ses romans « pour adultes ».

Celle-là, par exemple : pour qu’un message ait l’air écrit par un adulte, il faut y glisser des « jeux de mots poches ». Et « pour plus de réalisme, j’ajouterais une ou deux fautes », précise la futée Léonie. 

Quant à consoler les filles en disant que chacune est belle à sa façon : « Possible, mais le mémo ne s’était apparemment pas encore rendu aux garçons. » La beauté est une injustice.

Blais sait aussi planter une histoire abracadabrante au cœur de l’ordinaire et rendre le tout plausible. Au fond, nous sommes comme son Antoine Papier, chasseur de démons : certes rationnels, mais on sait que ça existe quand quelqu’un nous confie un récit troublant. 

François Blais s’est enlevé la vie peu après avoir terminé son roman. Puisque l’intrigue porte sur la disparition et la mort, forcément on y pense.

Mais on trouve tant d’intelligence et un si juste soupçon d’espièglerie dans cette ultime intrigue, qu’une fois lancés, on se laisse emporter.

Ce livre mérite qu’on le lise en soi, sans arrière-pensée, si ce n’est de lever une dernière fois son chapeau à un formidable et regretté talent. 

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