Diplomatie - La vente de sous-marins américains à l’Australie contrarie

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DiplomatieLa vente de sous-marins américains à l’Australie contrarie

Si la France a des raisons d’être mécontente car elle est directement impactée par le nouvel accord, la Chine considère qu’il s’agit de course à l’armement.

En mai 2018, le président Emmanuel Macron était ici avec le Premier ministre australien Malcolm Turnbull (2e à droite) et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur un sous-marin de la Marine australienne dans la baie de Sydney.

En mai 2018, le président Emmanuel Macron était ici avec le Premier ministre australien Malcolm Turnbull (2e à droite) et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur un sous-marin de la Marine australienne dans la baie de Sydney.

AFP

Les États-Unis ont lancé avec l’Australie et le Royaume-Uni un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique face à la Chine, comprenant la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra, jugée jeudi «irresponsable» par Pékin.

Cette annonce spectaculaire a également été fustigée par la France, qui voit un gigantesque contrat de fourniture de sous-marins conventionnels à l’Australie être torpillé.

«La première grande initiative de (ce nouveau pacte appelé) AUKUS sera de livrer une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie», a annoncé le Premier ministre australien Scott Morrison, apparaissant en visioconférence, ainsi que son homologue britannique Boris Johnson, lors d’un événement présidé par Joe Biden à la Maison-Blanche.

La Chine a réagi en qualifiant «d’extrêmement irresponsable» la vente de sous-marins américains à propulsion nucléaire à l'Australie.

«La coopération entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie en matière de sous-marins nucléaires sape gravement la paix et la stabilité régionales, intensifie la course aux armements et compromet les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire», a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

La Chine n’a pas été mentionnée dans le communiqué conjoint des dirigeants australien, américain et britannique, qui évoque la «paix et la stabilité dans la région indo-pacifique». Mais il ne fait aucun doute que la nouvelle alliance vise d’abord à faire face aux ambitions régionales de Pékin.

Alliances face à la Chine

Joe Biden répète depuis son élection qu’il entend se confronter à la Chine, comme son prédécesseur Donald Trump, mais de manière très différente, sans s’enfermer dans un face-à-face.

Le président américain réunit d’ailleurs le 24 septembre à Washington les Premiers ministres australien, indien et japonais pour relancer un format diplomatique, le «Quad», qui végétait depuis plusieurs années.

Quant à Scott Morrison, il a affirmé jeudi, après l’annonce du pacte Aukus, qu’il lançait une «invitation ouverte» au dialogue au président chinois Xi Jinping.

Boris Johnson a, lui, assuré que l’initiative, qui va contribuer à la «paix et sécurité» dans la région indo-pacifique, «ne vise pas à s’opposer à une quelconque autre puissance (...), mais elle reflète simplement les relations étroites que nous entretenons avec les États-Unis et l’Australie».

La France, qui voit un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d’euros) pour fournir 12 sous-marins à propulsion conventionnelle (non nucléaire), parfois qualifié de «contrat du siècle», échapper à son industrie navale, a fustigé une remise en cause «de la parole donnée» de la part de Canberra, par la voix de la ministre des Armées, Florence Parly.

«Cette décision unilatérale, brutale, imprévisible ressemble beaucoup à ce que faisait Monsieur Trump», a souligné de son côté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

De quoi parle-t-on?

Naval Group avait été sélectionné en 2016 par l’Australie pour construire en Australie 12 sous-marins à propulsion diesel-électrique pour succéder à ses six sous-marins de conception suédoise datant des années 1990 et faire face à la pression chinoise croissante dans le Pacifique.

Le montant total du contrat, dont seules les premières phases auront été conclues, s’élevait à 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d’euros) au moment de la signature, soit 90 milliards de dollars en prenant en compte l’inflation sur la durée du programme et les dépassements de coûts.

Qualifié de «contrat du siècle» en France, il s’agissait du plus important contrat pour du matériel de défense jamais passé tant par un industriel français que par l’Australie.

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