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ELODIE BOUEDEC

L’encombrant souvenir de Marc Pulvar, leader indépendantiste accusé d’inceste

Par  (Fort-de-France, envoyée spéciale)
Publié le 24 mars 2021 à 02h12, modifié le 24 mars 2021 à 15h15

Temps de Lecture 16 min.

Le jour de ses funérailles, en février 2008, la foule était si dense à Rivière-Salée qu’une partie de l’assistance avait dû suivre la cérémonie depuis l’extérieur de la salle paroissiale. Amis, compagnons de lutte, représentants des milieux politique, syndical, artistique, tous avaient afflué vers cette commune martiniquaise pour un dernier hommage. Pensez donc, une personnalité du calibre de Marc Pulvar !

Indépendantiste de combat, syndicaliste de choc, ténor des prud’hommes, celui qu’on surnommait « Loulou » passait pour un défenseur des plus faibles. Ses camarades, eux, voyaient en lui un héros. Quelques heures avant l’enterrement, contre l’avis de la famille qui souhaitait une cérémonie discrète, ils avaient tenu à exposer son cercueil dans la Maison des syndicats de Fort-de-France. Certains, même, s’étaient mis à danser en chantant ses louanges au son du tambour. Sous le grand portrait placardé au mur, une inscription funèbre proclamait solennellement Marc Pulvar « Père de la nation martiniquaise ».

Treize ans après, il a suffi d’un court texte, deux pages pas plus, pour que la statue vole en éclats. Dans une lettre rendue publique début février, trois femmes – Barbara Glissant, Karine Mousseau, Valérie Fallourd – ont sèchement réécrit l’épitaphe du défunt : « Marc Pulvar (1936-2008), héros martiniquais, pédocriminel et violeur ».

Celles qui étaient de très petites filles quand celui-ci les a agressées disent avoir trouvé la force de parler après la publication du livre de Camille Kouchner, La Familia grande (Seuil, 206 pages, 19 euros). Ou plutôt de parler encore, puisque toutes l’avaient déjà fait, y compris en tentant de porter plainte il y a vingt ans, mais sans parvenir à forcer le mur de silence dressé autour de « Loulou ». « C’était l’oncle de la famille, le favori, adulé déjà par tous, écrivent-elles dans leur texte. Une confiance totale, qui dure encore aujourd’hui de manière posthume et que nous avons décidé de briser, une fois pour toutes. »

Karine et Valérie vivent en Martinique, où ces mots ont provoqué une émotion considérable. Très vite, la secousse a passé les frontières de l’île pour se répandre « en France », comme disent les Antillais. Et, là aussi, elle a réveillé des douleurs, là aussi, elle a fait du bruit.

Le mal est souvent le même, dans ce genre d’affaires : les méfaits d’un individu se propagent très loin, lançant des tentacules dans les cœurs, les corps et les esprits, bien au-delà des victimes directes. L’ampleur de la déflagration, elle, tient à la notoriété de l’agresseur, mais également à celles de ses victimes et de ses proches.

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